Mise à jour du projet 24 novembre 2025

 

Sans croissance forte, la dette et les déficits continueront d’augmenter et la note sera encore dégradée

Sans titre

La réduction d’échelons administratifs et du nombre de fonctionnaires, la suppression d’une part des 800 agences de l’État, des économies budgétaires et le report de l’âge de la retraite sont indispensables mais ne suffiront pas à assainir la situation économique et financière de la France. Aussi nous faut-il construire un modèle de croissance productive, volontaire et plus intégré dans le monde globalisé.  Une croissance avec des taux annuels supérieurs à 2.5 % du PIB, pourrait mettre fin à la dégringolade. Aussi peut-être ne devrions-nous pas attendre pour agir, que la France soit placée sous les fourches caudines du FMI.

 

45 ans de désindustrialisation et de laxisme budgétaire

La France s’embourbe dans l’ornière financière surtout depuis le choix de société de la politique socialiste des années 80 qui a instauré une nouvelle forme d’assistanat avec la création du RMI, fêté le retour de la soupe populaire avec Les restos du cœur et fait passer l’âge de la retraite de 65 à 60 ans pour mieux faire accepter les vagues de fermetures d’usines ou de délocalisations au moment où le  niveau de la dette ne constituait que 20 % du PIB soit l’équivalent de 100 Mrds d’euros et permettrait de puiser dans la caisse pendant 4 décennies jusqu’à atteindre 115 % du PIB et 3 500 Mrds d’euros.

Les 3 principales agences de notation, chargées de juger le risque de non remboursement de dette des pays emprunteurs, accordaient toujours en 2010 la meilleure note avec un triple A à une France qui continuait de délocaliser à tour de bras vers la Chine sans se soucier des futurs effets de la désindustrialisation. Le chômage et des salaires plus faibles des secteurs des services que ceux de l’industrie manufacturière appauvriront la population active et aggraveront les déséquilibres des régimes de retraites au moment où la bascule démographique exigeait plus de sérieux budgétaire.

L’association « Rendez-nous notre Industrie » tirait la sonnette d’alarme dans le magazine Marianne "L’emploi industriel ? On dirait qu’ils s’en foutent..." ? puis dans une centaine d’articles publiés dans la presse. Dès 2009, nous présentions à des ministères et des élus, un programme d’une centaine de pages qui visait à restaurer des équilibres industriels. En 2017, la France détenait encore un double A mais l’ancien ministre de l’économie devenu président, continuait à vendre certains de nos derniers fleurons industriels. Nous écrivions dans Le Figaro : « Macron bradera-t-il l'industrie et la France ? ».

Baisse de la dépense publique associée à une augmentation de la croissance pour réduire les déficits

Maintenant que la note de la France est rétrogradée au simple A auprès des agences Fitch et Standard & Poor’s ou AA négatif chez Moody's avec de graves conséquences sur les taux et coûts des emprunts annuels de 300 ou 400 milliards d’euros, il faut redresser la barre au plus vite. L’IA pourrait faciliter la réduction d’échelons administratifs et la diminution du nombre de postes parmi 6 millions de fonctionnaires. La suppression d’une part des 800 agences de l’État dotées d’un budget de 150 milliards d’euros, permettrait aussi de réduire la dépense publique mais il n’est pas acquis que cela suffise à combler le déficit annuel en constante augmentation qui affichait 170 milliards d’euros en 2024.

En règle générale, la création de richesse et la croissance réduisent les déficits mais les taux trop faibles enregistrés ces dernières années n’ont pas empêché la dette française d’exploser. On peut estimer qu’une croissance annuelle du PIB supérieure à 2.5 % davantage basée sur la production et associée aux mesures citées, s’avèrerait indispensable au redressement économique et financier de la France.  

Industrialisation et croissance, aucun parti politique ne propose de solution pertinente

Les partis politiques préconisent souvent une réindustrialisation robotisée qui serait ainsi plus concurrentielle. Mais l’Etat français ne peut financer les lourdes subventions susceptibles de convaincre des industriels de revenir construire des usines entièrement automatisées quand la plupart de leurs fournisseurs et sous-traitants ne sont plus en France mais que les normes, taxes et impôts sont toujours plus nombreux. Le coût pour l’Etat par poste créé serait trop élevé et les rares cotisations générées en retour ne résoudraient guère le problème du financement des retraites. Il est par ailleurs peu certain que les clients soient au rendez-vous de nouvelles productions d’articles fabriqués en France mais moins abordables. Les mêmes promesses irréalistes d’hier ne produiront pas plus de résultats demain.

Aussi nous faudra-t-il sortir des sentiers battus pour penser une dynamique industrielle plus globale en termes certes de production mais aussi de nouveaux marchés qu’il nous faudra créer.   

Quand le vent néolibéral venu des USA et la financiarisation ont ébranlé l’industrie française  

Lors de l’arrivée en Europe du nouveau courant néolibéral et de la financiarisation de l’économie dans les années 80, des repreneurs d’entreprises et des fonds d’investissement se sont débarrassés des usines françaises les moins rentables ou délocalisé leur production dans des pays à bas coûts pour ne garder que les marques à forte valeur ajoutée. Mais des écosystèmes régionaux qui s’étaient constitués en plus d’un siècle, ont fondu en moins de trois décennies. Quand les chaines de valeur sont devenues mondiales (CVM), les fabricants ont quitté massivement un pays souvent peu conciliant avec l’industrie.  

Elargir notre marché de consommateurs, rétablir des équilibres pour produire davantage en France   

Il convient maintenant de rétablir des équilibres et puisque nous ne pouvons aller contre la mondialisation, tirons-en davantage profit. Parmi les obstacles à la réindustrialisation, on peut déplorer des coûts de fabrication non concurrentiels sur les marchés moyen de gamme, un nombre limité de consommateurs sur les segments à haute valeur ajoutée dont luxe, la difficulté pour les start-ups et les entreprises de lever des fonds ou de financer les investissements en R & D, production etc.

De nombreux industriels qui sont partis produire en Chine pour se rapprocher de cet immense marché, pourraient accepter de participer à la construction d’une économie prospère sur le 2eme continent le plus peuplé et bâtir ainsi leur futur relais de croissance. Des mécanismes de mutualisation, péréquation et des économies d’échelle au sein d’écosystèmes industriels organisés dans le cadre de co-entreprises, pourraient favoriser l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne tout en permettant de relocaliser des activités industrielles dans l’hexagone. Le programme qui structurera et organisera l’industrialisation à l’échelle de la région (EUAS ou USSA), sera financé par un fonds privé dédié et abondé par des capitaux publics internationaux et privés dans une région subsaharienne dont la population est en demande urgente de développement industriel et économique pour faire reculer l’extrême pauvreté et la malnutrition à la veille d’un chaos démographique et humanitaire annoncé et redouté.  

Filliation intellectuelle et conceptuelle entre collectivité nationale et Etats-Unis d'Afrique subsaharienne

Les concepts économiques Collectivité nationale et États-Unis d’Afrique subsaharienne s’inscrivent dans une même logique : créer ou restaurer des équilibres économiques et sociaux que la mondialisation et les choix financiers passés ont fragilisés. Le premier vise à réindustrialiser la France dans le souci de l’intérêt général. Le second transpose cette démarche à l’échelle régionale, en proposant une coopération pragmatique capable de libérer l’Afrique subsaharienne de sa dépendance extérieure et de l’inefficacité de l’aide publique au développement. Tous deux reposent sur une conviction centrale : seule une approche systémique, articulant production, emploi, cohésion sociale et souveraineté économique, permet de recréer une dynamique de prospérité durable. Ils ne s’opposent pas mais se complètent et créent des synergies, traçant les contours d’une stratégie de développement intégrée, applicable aussi bien dans un contexte national européen que dans un cadre régional africain.

La croissance de l’Afrique subsaharienne se répercutera significativement sur l’économie française

Ce paradigme financier qui permettra de rémunérer l’argent public investi se substituera à la politique inefficiente d’aide publique au développement (APD) qui a couté 2 000 milliards d’euros en 60 ans mais n’est guère parvenue à développer la région subsaharienne. Des centaines de millions de nouveaux ouvriers et dizaines de millions de cadres et entrepreneurs africains parmi les 600 millions de personnes supplémentaires en âge de travailler d’ici 25 ans (source Banque Mondiale), disposeront désormais d’un avenir africain et songeront de moins en moins à un exil européen. Car ceux-ci s’enrichiront et deviendront de nouveaux consommateurs qui achèteront ce qu’ils produiront en Afrique mais aussi de nombreux autres articles français à haute valeur ajoutée dont ceux du luxe.  

Les commandes de plusieurs dizaines d’Etats africains alors davantage prospères, afflueront également dans les secteurs français de l’aéronautique, de la défense, de la construction d’infrastructures etc. Le secteur automobile français pourrait aussi retrouver un nouveau souffle.

La France reçoit chaque année 500 000 migrants dont la consommation parfois subventionnée gonfle artificiellement les chiffres de la croissance. Le produit de la criminalité est également intégré dans le PIB pour parvenir le plus souvent à un semblant de croissance autour de 1 % annuel depuis 20 ans.

Bien que privé, notre projet qui saura entrainer dans son sillage des pays industriels comme l’Allemagne et l’Italie, procurera à la France, l’opportunité du leadership d’une coopération pour l’industrialisation d’une Afrique subsaharienne comptant aujourd’hui plusieurs dizaines de pays dépourvus d’industrie. Cette collaboration et les effets de la modernisation de cette région qui sera peuplée de 2 milliards d’habitants dans 20 ans, pourraient offrir à notre pays un gain d’environ 1.5 ou 2 points de croissance annuelle supplémentaire avant 5 ans puis 4 ou 5 points de PIB minimum pendant 2 décennies ou plus.  

Francis journot est consultant et entrepreneur. Il tient le site Collectivité Nationale, dirige le  Programme pour l’industrialisation de l’Afrique et le projet États-Unis d’Afrique Subsaharienne (EUAS ou USSA)